Aide à l'écriture

Le texte qui suit a pour nom de code "plan démoniaque" mais il n'a en fait rien de terrifiant. C'est en quelque sorte ma méthode et ma conception du travail se rapportant aux fanfictions.
Vous avez sous les yeux la version 1 de ce texte. Il subira des modifications à l'avenir (ajout du septième partie, entre autres). 

1. Définitions
2. Débuter
3. Préparation
4. Rédaction
5. Finitions
6. Astuces

1. Définitions

Comme toute dissertation, nous devons d'abord définir les termes du problème que l'on a sous les yeux. Ici, je vais donc vous offrir les diverses définitions que j'ai affinées au cours des années à parcourir les fandoms.

1.1 Définition générale

Qu'est-ce qu'une fanfiction ? Ce mot est composé de deux autres très reconnaissables : fan et fiction. Penchons nous d'abord sur "fiction". Une fiction, en vieux français, est un mensonge, une tromperie. Dans le langage actuel, une fiction est un ensemble de faits, une histoire que l'on imagine, que l'on invente ou bien c'est un objet qui n'existe pas dans la réalité, créé par l'imagination. Si l'on se penche sur la définition spécialisée, une fiction garde le sens d'histoire inventée qui constitue une œuvre littéraire, dramatique, etc … Les fictions sont donc l'opposé des mémoires ou des récits historiques. On trouve encore un sens dans le domaine des sciences, à savoir qu'une fiction est alors une notion, qui représente le réel, admise comme une convention, mais nous nous bornerons aux définitions plus littéraires.

Fan est un anglicisme, une abréviation du mot anglais «fanatic», fanatique. Un ou une fan est une personne qui admire une vedette ou quelqu'un de connu. A noter que l'anglicisme fan était plutôt utilisé, à l'origine, pour les admirateurs de vedettes de la chanson. Un fanatique, quant à lui, est une personne qui se passionne pour quelque chose, qui admire quelqu'un avec un enthousiasme extrême, parfois un peu exalté ou excessif.

De ce fait, une «fanfiction» est l'œuvre écrite par des gens un peu dérangés qui croient dur comme fer en leurs convictions, à partir d'un support, que l'on nomme base, fandom, origine, etc … Il s'agit dont d'inventer une nouvelle histoire à partir d'une déjà créée et reconnue.

1.2 Genres

Vaste sujet puisqu'on peut dire, pour faire simple, que chaque auteur a son genre bien à lui. Les plus communs sont la romance, l'action, l'horreur, etc … un peu comme les nomenclatures des rayonnages de votre librairie, il y en a pour tous les goûts.
La fanfiction regroupe cependant un nombre impressionnant de catégories. Je laisse à la discrétion du lecteur le soin de chercher par lui-même les définitions, je ne fais que noter, en vrac, tout ce que j'ai pu rencontrer : angst, AR, AU, bashing, bastardisation, Boys Love (BL), citrus, crack, Cross Over (XO), deathfic, drabble, drama, ficlet, fluff, Gary Stu, gen, lemon, lime, Mary Sue, Mpreg, Near Death Experience (NDE), NextGen, originale, One Shot (OS), Plot Bunny, POV (point of view), PWP (Plot ? what plot ? ou Porn without plot), Self-Insert (SI), schoolfic, songfic, WAFF (warm and fuzzy feeling), etc …

Vous remarquerez peut-être que je n'ai pas mis dans la liste les très célèbres YAOI, het et yuri. Pourquoi ? Considération personnelle. Je ne classe pas les gens par les préférences sexuelles, je fais de mêmes pour les fanfictions. Ah, vous croyiez que j'étais objective dans ce texte ? Grossière erreur.

1.3 Ratings

Pendant longtemps, le site de référence question fanfic, a utilisé le système de ratings des chaînes de télévision américaines (MPAA), les fameux PG à NC-17, mais l'équipe de a du en changer pour des questions de droits légaux et tout le tralala administratif. De ce fait, le site a maintenant sa propre échelle de Richter, une liste de lettres un peu dans le désordre, K et compagnie, que l'on trouve dans le méconnu Guidelines. D'autres sites proposent d'autres méthodes de classement qu'on peut utiliser, dans un espoir d'unification de la nomenclature, c'est le cas du "Fan Rated Rating System" (bonne chance pour y comprendre quelque chose).

De manière générale, le rating permet de savoir à quoi on a affaire. Autant le genre nous donne une indication sur ce que l'on va lire, autant le rating nous dit de quelle manière le sujet est traité. Une fic classée PG, pour tout public, ne va certainement pas s'attarder sur les exploits sexuels des personnages, textes NC-17 (quoi que tout est possible mais bon …). Il y a plus ou moins des classes d'âge en fonction des ratings mais de nos jours les adolescent(e)s sautent sur tout ce qui est estampillé NC-17, justement … Enfin bon, le rating et les genres ensemble nous permettent de nous faire une idée de ce que l'on va trouver, ce sont avant tout des avertissements.

2. Débuter

Voilà, on va se lancer. Pas trop fort ni trop vite mais on va y aller quand même. Où ça ? Droit dans le mur, pardi ! Préparez de l'aspirine, un carnet de note, des stylos, des réserves de nourriture et on commence !

2.1 Choisir sa base, son fandom

Là, malheureusement, y'a pas grand-chose à faire, vous faites ce que vous voulez. Cependant, assurez-vous que la base que vous choisissez a toute votre attention et que votre passion ne retombe pas soudainement. Il n'y a rien de plus désagréable que de tomber sur une fic intéressante et non terminée.

Un fandom est fait pour vous lorsque vous connaissez les moindres détails de l'univers utilisé et que vous avez vos propres théories à propos de faits inexpliqués dans le manga, l'anime ou le livre. Par exemple, pourquoi Kakashi porte un masque ? qu'est-ce qui a poussé Itachi a massacré son clan, minus Sasuke ? qui est Jashin pour Hidan ? etc … Ces hypothèses et théories sont importantes car elles vous permettront d'enrichir votre histoire. Puisque c'est vous qui créez, vous devez tout savoir de l'univers que vous construisez ! Aucune question de lecteur ne doit vous poser problème.

Bien sûr, une bonne connaissance des personnages et de leurs interactions est nécessaire. Auriez-vous oublié que Naruto aime Sakura ? que Shikamaru trouve les femmes chiantes ? qu'Iruka n'a jamais été le père adoptif de Naruto ?! Bien. Alors on va pouvoir faire quelque chose de vous.

2.2 Documentation

Essayez de répondre à ces dix questions, sans aide extérieure.

1) Quel est le nom de famille de Shino ?
2) À quel âge Jiraiya est-il devenu genin ?
3) Pourquoi le père de Kakashi s'est-il suicidé ?
4) Qui est Uzuki Yûgao ?
5) De quel grade est Yamashiro Aoba ?
6) Combien de marionnettes utilise Chiyo-baa-sama dans son combat contre Sasori, en tout ?
7) Qu'est-ce que le ninjutsu ?
8) À quels moments se déroulent les examens de classe moyenne ?
9) Comment s'appelle le plus gros chien de Tsume ?
10) Qui dirige le Pays du Feu ?

Alors ? Vous avez répondu facilement, bien entendu, toutes les réponses vous sont venues naturellement car vous connaissez parfaitement l'univers Naruto ! Si non, et bien … dommage. Vous n'êtes pas une encyclopédie Naruto. Il va donc vous falloir noter consciencieusement toutes les informations dont vous aurez besoin, voire les inutiles aussi car elles vous serviront à un moment où à un autre, pour une référence quelconque ou induire le doute chez le lecteur.

De manière générale, plus vous serez documenté, mieux ce sera. Attention, je ne dis pas que votre fic doit être le catalogue des mythes et légendes de Konoha, non. Il ne faut pas non plus que vous en disiez trop et tout le temps. Il faut doser, mettre un peu de ci et de ça de temps en temps, trier les informations et surtout chercher les réponses si vous ne savez pas quelque chose. Vérifier une information ne vous prendra pas beaucoup de temps et votre texte aura au moins de solides bases.

2.3 Idées

Alors là, si vous n'avez pas déjà une chandelle, cherchez une corde et pendez vous. Ça ne sert à rien de commencer une fic en se disant "boarf ! les idées arriveront bien un jour ou l'autre". Si vous pensez aussi que les lecteurs vous aideront, retournez vous coucher !

Tout d'abord, pensez à un thème général. Ça peut être les p'tites fleurs ou bien la déchéance humaine, tout est possible (n'oubliez pas non plus qu'on parle de ninja dans Naruto ; n'oubliez pas d'aller vérifier la définition de "ninja" dans le dictionnaire avant de vous lancer dans la fanfic Naruto). Une fois que votre thème est choisi, il y a forcément des mots qui vont vous venir en tête et qui vont tourner autour de ce thème. Si vous traitez de trahison, il y a des pièges, des complots, des morts, des empoisonnements, des informations, des espions, des combats, etc … ça vous donne déjà de quoi penser votre scénario.

Si vous avez une idée à la base, recherchez aussi les mots qui tournent autour. Le mieux étant d'avoir plusieurs idées que vous agencez ensemble mais j'expliquerai cela plus tard. Bref, quoi qu'il en soit, une idée seule ne vous mènera pas loin, même pour un one shot. Il faut vraiment s'astreindre à regrouper des mots (qui deviendront des idées) autour de votre noyau.

N'oubliez pas que vos personnages sont les acteurs de l'histoire, qu'ils ont leurs humeurs et que leurs maux feront avancer tout le bordel. Il faut composer en fonction de leurs réactions face aux situations proposées, et c'est là que la notion de respect du personnage est très importante ! Il faut choisir qui va faire quoi, logiquement, ce qui va en découler, le pourquoi du comment, etc … C'est un travail long et très important !

3. Préparation

Vous avez déjà grignoté la moitié de vos réserves, vos stylos sont vides d'encre, il n'y a plus d'aspirine à cinq kilomètres à la ronde et vous avez gribouillé sur trois carnets. Bien. Vous avancez.

3.1 Plan général ou maillage principal

J'ai parlé d'idée principale ou assimilée juste au dessus. Pourquoi ? Parce que la vie n'est pas rectiligne et bien ordonnée. Y'a toujours des imprévus, des grains de sable dans les rouages. Plus simplement : tout n'est pas rose. Pourquoi, alors, simplifier la vie de personnages fictifs quand ils peuvent servir de punching ball ? Ils n'ont pas mal si on décide de leur arracher soudainement un bras, autant ne pas se priver !

Bref, la vie n'est pas simple. T'as eu ton bac ? Super. Mais ça veut pas dire que tu vas avoir du boulot. Tu peux te casser la main, finir amputé. Manque de bol total. On appelle aussi ça la loi de Murphy. C'est le même principe que j'applique dans mes fanfics (à chapitres) : la situation s'améliore ? et bah non ! Hop, on t'en remet une couche pour que tu te rendes compte que ton petit bonheur est en fait tout simple (juste un peu de calme et d'eau fraîche).

Donc, vous avez une idée mais on a déjà dit que ça ne suffisait pas. Vous avez pour cela votre liste de mots qui vous attend. On a dit : trahison. Logiquement, dans une trahison, 'faut des gens à trahir, donc les mettre en confiance avant, s'infiltrer et tout le tralala. Du coup, vous avez déjà votre plan : infiltration, se faire bien voir, trahison (option : baston), victoire d'un camp ou de l'autre. Ça n'a rien de fantastique, je vous l'accorde (je fais mieux d'habitude, bouh). Ceci vous servira de squelette à votre histoire, c'est à partir de ça que tout se construira. Une fois ce plan général trouvé, on peut penser à plus complexe.

3.2 Scénarii et chronologie

Pour les incultes, scénarii est le pluriel de scénario. On peut aussi dire scénarios mais scénarii, ça fait plus latin, tout ça … Bref, on parle de plusieurs intrigues, vous l'aurez compris. Le plus simple à faire, c'est de prendre un personnage, un duo, trio ou plus, et de leur faire vivre dans leur coin leur petite histoire. D'autres groupes font la même chose et au final ils se regroupent pour le feu d'artifice final. C'est le principe de la quête dans l'heroic fantasy. Tous ces groupes interagissent entre eux, plus ou moins, ils ont des liens, des grades, l'un influence l'autre … Dites vous qu'un shônen, c'est 5 de scénario, 45 de baston et 50 de psychologie (des remords de préférence). Le plus dur, c'est de tisser les liens entre les personnages tout en les faisant évoluer sur leur propre chemin.

Donc, chaque groupe se balade, fait ses petites aventures, croise des potes ou des ennemis qui les influencent et retourne dans ses pénates. Tout cela est géré grâce à la chronologie. Une chronologie, c'est chiant à faire et encore plus à respecter mais ça aide à ne pas écrire des aberrations, comme des retours dans le temps ou des dates d'anniversaires (repères chronologiques) foireuses. Si Sasuke se retrouve soudainement né en janvier au lieu de juillet (ce que l'on retrouve souvent dans les fanfics), ça change beaucoup de choses (mais là, forcément, je ne trouve pas d'exemple …). Il n'y a qu'un moyen pour régler le problème : faire une chronologie sur papier. Une grosse flèche, comme en cours d'Histoire, avec des périodes et les évènements importants.

Pas plus. Une chronologie ne doit pas être trop détaillée car l'histoire risquerait d'être trop rigide. De manière générale, fixez vous des objectifs : à telle date, les groupes un et deux se retrouvent, il en découle ça, ça et ça, ce qui permettra ensuite d'engendrer ceci et cela. On va d'un point A au point B, c'est certain, mais la façon d'y arriver est laissée à la discrétion de l'auteur.

3.3 Organisation des chapitres

Chronologie rime avec chapitre. Si si, promis. Le plus simple, comme dit au paragraphe précédent, c'est de partir de A pour aller à B. Ou Z, si vous voyez grand. On a tout un panel de techniques pour y arriver : récit linéaire, ellipse temporelle, flash back, inversement de la chronologie, etc …
Tout d'abord, fixez vous une taille de chapitre à ne pas dépasser, en plus ou en moins. Le prologue ne compte pas (il est généralement égal à un tiers ou à la moitié, en taille, du premier chapitre). La taille est très importante car elle vous permettra de donner plus ou moins un rythme à votre histoire : des chapitres courts s'enchaînent rapidement, il n'y a pas beaucoup de développements, l'action est soutenue ; des chapitres longs vous permettent de faire varier les ambiances, les tentions, de prendre votre temps pour amener le lecteur là où vous le voulez. Bien sûr, vous pouvez aller à l'encontre de ces principes, c'est à vous de voir.
Une fois ceci fait, il va falloir cogiter un peu tout en lorgnant sur votre chronologie. Et cette fois-ci, on se fixe des objectifs : "à tel chapitre, j'en serai là !!" Hurlez-le pour vous donner du courage et un semblant de contenance. Ceci dit, il m'arrive rarement d'atteindre ces objectifs puisque je rallonge aisément mes délires personnels mais l'important est d'avoir une idée de combien de chapitres il va y avoir, comment, pourquoi et parce que.
Votre histoire peut comporter un prologue comme un épilogue mais ce n'est pas nécessaire. La présentation des personnages et le début de l'intrigue principale ne sont pas à mettre dans le prologue ! Ces quelques pages servent plus à intriguer le lecteur qu'à commencer réellement votre fiction. Imaginez une accroche qui retiendra le lecteur en otage sans rien révéler ! Surtout, surtout, évitez les flash back dans le prologue (voire dans votre fanfiction, carrément).

Après, dites vous qu'un chapitre doit comporter sa dose de suspense et de révélation. S'il n'y a que des questions à chaque fois, vous risquez d'ennuyer rapidement votre lectorat. De même, si vous donnez toutes les réponses d'un coup, surtout avant la fin, ça risque d'être un peu trop gros à avaler. Tout est dans le dosage : répondez à moitié à une question ou donnez de nouveaux éléments puis renversez les bases pour que l'intrigue replonge. Il ne faut, bien sûr, pas trop user de cette méthode : à creuser trop profondément, on s'enterre. De manière générale, essayez de garder le suspense sans trop en faire : laissez le lecteur se poser des questions tout seul ! Beaucoup de lecteurs se creusent plus la tête que l'auteur, ils psychotent dès qu'un personnage fait un sourire ou un pet de travers, alors profitez-en ! Bien sûr, si vous faites dans la romance, vous pouvez réutiliser ces principes mais je ne garantie pas le résultat étant donné que ce n'est pas mon genre préféré et que je le trouve même plus difficile que le complot-trahison de base.

4. Rédaction

Assez de théories et de flèches en tout sens sur un carnet, attaquons-nous maintenant au plus gros du travail : choper la muse pour la faire écrire.

4.1 Ebauche

Un texte, c'est comme un bon vin, ça vieillit. Et ça a tendance à plutôt mal vieillir, surtout si on cherche la p'tite bête. Donc ne prenez pas peur si vous vous relisez une année après avoir écrit. Plus vous irez loin dans le temps, plus vous tremblerez d'effroi.

Bref, choisissez le support que vous préférez, votre font, taille, couleur, string et allons-y ! Ecrivez ce que vous avez en tête avec l'idée simple que vous êtes un caméraman qui filme ce qui se passe. Vous n'êtes pas le réalisateur, ni le producteur, juste le caméraman (à la limite, vous avez votre fidèle compagnon perchman avec vous, mais personne d'autre), et vos pouvoirs sont très limités : vous ne pouvez que décrire. Vous n'intervenez pas dans le texte (c'est-à-dire que les commentaires de l'auteur ne doivent pas y apparaître entre parenthèses ou autrement) en tout cas jamais directement. Voilà une petite astuce : dans un texte, on est toujours plus proche d'un personnage dans lequel on va y mettre ses tripes sans non plus tomber dans le Self-Insert. Servez-vous de ce personnage pour donner votre point de vue. Subtilement. Il ne faut pas non plus que le personnage change soudainement de façon de penser. S'il pense noir, il ne va pas retourner sa veste d'un coup et dire blanc à propos d'un autre personnage.

Pour en revenir au sujet, l'ébauche, écrivez donc vos n pages, jamais en une fois. C'est bien mieux d'écrire quelques pages, de faire autre chose, de continuer à taper quelques jours plus tard, etc … Relisez si possible le chapitre en entier à chaque fois que vous vous y remettez, corrigez les fautes que vous voyez, modifiez les phrases qui vous paraissent bancales et poursuivez. Pour ma part, je sais qu'il m'est difficile de reprendre un texte si je me suis arrêtée après la fin d'un passage, d'une scène, donc je pars souvent faire autre chose en plein milieu d'un dialogue, voire d'une phrase. De manière générale, je n'écris jamais un dialogue d'un coup non plus, histoire de ne pas me laisser emporter par la fougue de la jeunesse écarlate ou que sais-je encore. Ce sont des préférences personnelles, bien entendu, et vous pouvez bien, non, vous devez trouver votre manière d'écrire. Avec musique, en discutant avec quelqu'un, reclus dans une pièce noire, ça vous regarde.

4.2 Relecture

Là, on ne rigole plus. La relecture est le moment décisif où votre chapitre va être accepté ou pas, par vous-même. Pensez toujours que vous devez être intraitable avec ce que vous faites pour que les autres puissent lire un chapitre de qualité.

Donc, on regarde l'orthographe, autant que faire se peut. Si vous avez un doute, prenez votre Bescherelle, votre Robert, votre Encyclopédie Universelle et hop ! On vérifie. C'est le moment où jamais. Idem pour les informations que vous utilisez et bien entendu pour celles que vous distillez dans votre chapitre. Si des phrases ne vous plaisent pas, qu'un personnage n'agit pas comme il faut, etc …, modifiez sans hésiter, quitte à réécrire toute la partie ou la scène. C'est vraiment là que tout se joue.

Dites vous qu'une relecture efficace se fait aussi en plusieurs fois parce qu'on n'a pas la même vision des choses suivant notre humeur ou l'heure de la journée. Et y'a pas grand-chose à rajouter sur la relecture, malheureusement.

4.3 Le rôle du bêta-lecteur

Comme le dit ma mère : «un bêta-lecteur, c'est un lecteur stupide qui pose les questions qu'il ne faut pas». On oublie souvent que le bêta-lecteur est un chien de garde méchant et hargneux qui va vous emmerder jusqu'à la gauche. Son rôle n'est pas de lire et de dire «tro bi1 g adoré ce chap t tro for lol».

Non. Un bêta-lecteur se fait l'avocat du Diable pour tester l'auteur. Il est préférable que la discussion à propos du chapitre se fasse en direct mais c'est vous qui voyez. Le BL lira attentivement le chapitre et essayera de descendre le texte à chaque fois qu'il a un doute. Si l'auteur n'arrive pas à répondre à ses questions, il faut reprendre le chapitre pour mieux expliquer ou faire des rappels. Le BL cherche la petite bête, c'est ça son rôle.

Et puis il corrige aussi les fautes d'orthographe restantes, s'il en est capable.

Quoi qu'il en soit, ne vous passez pas d'un bêta-lecteur. Si vous êtes le cerveau, il est le cœur.

5. Finitions

Toutes les bonnes choses ont une fin ! Mais y'a quand même du boulot à faire après.

5.1 Avis et retouches

En plus d'un bêta-lecteur, il est toujours appréciable d'avoir une ou deux personnes dans son entourage qui lisent aussi votre chapitre avant les autres, voire pendant la rédaction (par exemple, la moitié du chapitre que vous êtes en train de terminer). Ces avis ne sont pas fondamentaux mais ils aident beaucoup, surtout si vous les avez pendant la rédaction. Vous pouvez ainsi réagir tout de suite sur le problème et non pas attendre le dimanche soir à minuit pour tout revoir parce que vous avez merdé.

Ces retouches concernent surtout l'ambiance et les descriptions, l'agencement des paragraphes et la présentation. Vous avez en face de vous des lecteurs, rien d'autre, c'est-à-dire que vous ne devez pas leur dévoiler votre scénario, ne pas faire de spoilers. Ils donnent leur avis sur le texte, pas sur l'histoire (ça, c'est le bêta-lecteur qui s'en charge). Si par exemple vous avez l'habitude de faire d'énormes paragraphes, on peut vous dire que ça rend la lecture difficile et ainsi vous aérerez votre texte. S'il y a des expressions pas claires, on vous les indiquera aussi.

5.2 En-tête

Je fais partie de ces vieux dinosaures qui ont connu les débuts de l'écurie des shets, les archives personnelles et les connexions 56ko/s. A cette époque, pour vous situer le topo (c'était y'a pas si longtemps que ça mais bon …), on allait sur le site de l'auteur qu'on adorait, on regardait vite fait la mise à jour et on enregistrait tout ce qu'on pouvait pour lire hors connexion puisqu'on avait que vingt heures par mois pour un prix exorbitant. L'en-tête était donc nécessaire car elle nous permettait de cibler ce que l'on voulait.

Aujourd'hui, on a l'ADSL, Internet illimité et tout le tralala (en tout cas dans les grandes villes et de plus en plus dans nos campagnes pas trop paumées), ce qu'il fait que le geek peut rester connecté vingt-quatre heures sur vingt-quatre, télécharger tout ce qu'il veut et avoir accès à beaucoup plus de choix. S'il n'aime pas une fic, il n'a qu'à aller en lire une autre. Il s'en fout, il a l'Internet illimité alors une de plus ou de moins … L'en-tête ne sert donc plus à grand-chose.

Parallèlement à l'arrivée de l'ADSL, on a vu mourir énormément d'archives personnelles car les auteurs cherchent avant tout la facilité absolue : publier des textes rapidement et sans connaissance. En effet, pas besoin de se prendre la tête avec les bases MySQL, le pHp ou plus basiquement avec le HTML grâce à Fanfiction.net ! Trois clics et hop ! le chapitre est posté. On a aussi des retombées plus facilement et plus rapidement par le système de review du site. a mis à la disposition des auteurs des genres, des ratings, etc …, ce qui fait que l'en-tête est devenue inutile, en dehors des disclaimers ou des avertissements que l'on veut rajouter.

Cependant, je reste attachée aux en-têtes car elles représentent pour moi une certaine politesse envers les lecteurs. C'est une façon de dire : «regarde, je pense à toi». Tout le monde ne le prend pas comme ça (d'ailleurs, je vous conseille d'aller lire le débat sur la question sur la communauté "Controverses sur la Fanfiction") mais bon … Je vais donc vous apprendre à faire une en-tête !! Dans une en-tête, on marque des choses essentielles et d'autres qui le sont moins : le titre, l'auteur, le bêta-lecteur, le fandom, le rating, le disclaimer. On peut rajouter des notes de l'auteur, ou bien les couples. Ceci dit, je ne marque jamais les couples parce que
1) mes histoires ne tournent pas autour de ça ;
2) je trouve que c'est un spoiler atroce.

En résumé :
Titre :
Auteur :
Bêta-lecteur :
Fandom :
(Couples :)
Rating :
Disclaimer :
Note(s) :
Et vous aurez fait plaisir aux vieux dinosaures !

5.3 De l'art du résumé et du titre

Le plus dur dans la fanfiction, c'est de trouver un titre et un résumé. Penchons nous d'abord sur le titre. Evitez les abréviations, les lol, mdr et assimilés. C'est la voix de la Raison qui vous parle : ne passez pas pour un newbie dès le titre !! Un titre ne doit pas non plus spoiler le sujet de l'histoire. Si vous écrivez une fic où Sasuke tombe amoureux d'Akamaru, ne choisissez pas comme titre "un amour zoophile" ! S'il y a un mot qui revient souvent, oubliez-le aussi. Ne tombez pas systématiquement dans la métaphore. Ne cherchez pas compliqué. Ni simple. Ne choisissez pas un titre en japonais parce que c'est trop bi1 lol. Evitez l'anglais tant que possible. Ne nommez pas votre fic comme votre Mary Sue. Essayez de ne pas choisir un titre déjà existant. Gardez bien en tête que vous devez intriguer votre lectorat habituel ainsi que de nouveaux futurs fans. Chaque titre est unique. Evitez le titre de la chanson qui vous a accompagné durant l'écriture de votre fanfiction. Bref, démerdez-vous.

Le résumé est de loin ma partie préférée de la cogitation fictionnelle. Un résumé n'est pas là pour résumer, ce serait trop simple. Un résumé n'est pas non plus là pour faire des fautes d'orthographe et/ou écrire en SMS. On ne l'utilise pas pour passer des annonces ni pour quémander des reviews. Un résumé attire le lecteur. Il doit donc être suffisamment attirant pour effacer la réputation de votre pseudonyme ou le nombre de reviews que vous avez (si tant est que vous considériez que c'est un indicateur de succès).

Vous l'avez constaté, je n'ai pas de recette miracle pour les résumés et les titres. C'est comme la fanfiction, on s'améliore avec le temps.

6. Astuces

Wouhou, on en a fini ! Votre fiction est postée et vous n'attendez plus que les reviews dans votre boîte e-mail … Vous n'auriez pas oublié quelque chose ?

6.1 Public visé et fanservice

Lorsqu'on écrit une fanfiction, on choisit inconsciemment son lectorat par rapport au scénario (ainsi que la base, ça va de soi). Il faut bien garder en tête cette information. Par le choix de votre thème et la manière dont vous le développerez, vous ne pourrez pas plaire à tout le monde. Les lecteurs adorant la romance guimauve ne vont pas soudainement se mettre à lire des fanfictions noires à l'ambiance lourde et aux nombreux meurtres.

Pour avoir un lectorat le plus large possible, il existe une astuce : le fanservice. Selon Wikipédia, le fanservice "est une pratique des médias visuels qui consiste à alimenter les fans et leurs fantasmes avec des scènes digressives ou superflues qui leur sont spécialement destinées, généralement par le biais de situations à forte connotation sexuelle ou érotique". Par exemple, pour attirer des lecteurs avides de YAOI, les relations entre vos personnages masculins seront louches sans pourtant être révélatrices. Les lecteurs psychotent et fantasment aussi. C'est comme ça. Il faut savoir utiliser le fanservice aux bons moments et avec parcimonie. Surtout, évitez de faire toujours la même chose car il en faut pour tous les goûts ! Les sous-entendus grivois doivent concerner tous les types de relation.

Bien entendu, la fanfiction n'est pas un média visuel aussi est-il assez dur montrer à son lectorat une petite culotte via un angle de vue bien précis. Il faut donc gérer les poses des personnages, se servir du mobilier et avoir du vocabulaire. Il y a une différence entre être affalé sur un canapé et être lascivement étendu sur ce même canapé, voyez ? Et tout ça n'est possible que grâce aux descriptions, ha ha !!

6.2 Faire croire qu'on est trop bon sans l'être réellement

Vous avez des difficultés à écrire des scènes de combat ? Hn, moi aussi.

Ça vous en bouche un coin, hein ? J'en étais sûre. Vous vous dites : y'a pourtant des combats dans ses fics ! Oui, je ne peux pas y échapper, je dois en écrire un minimum. Pas tout le temps. Prenez Outcast : combien y'a-t-il de combat entier dans les chapitres 1 à 20 ? Aucun. Magique, hein ? On en revient toujours à la même chose : le lecteur a une imagination débordante et il faut la laisser travailler. Si vous donnez tous les détails du combat, il lit bêtement. Si vous coupez soudainement le combat, suspense ! "Que va-t-il se passer ? Machin va-t-il s'en sortir ?! Survivra-t-il ?! Oh mon dieu ! Je veux pas qu'il meurt !!" Vous passez à autre chose (voire vous arrêtez le chapitre) et vous reprenez plus loin. Ça peut être à la toute fin du combat ou bien carrément après et là vous ne faites que dénombrer les absents.

Ceci dit, le suspense, c'est bien, mais à petite dose. Ne coupez surtout pas un passage d'introspection intérieure d'un personnage ou une réflexion quelconque. En tout cas, vous n'en avez pas le droit. Un personnage peut en déranger un autre, c'est tout. Je vous rappelle que vous êtes l'auteur, pas un emmerdeur lambda qui vient foutre sa merde dans le récit.

6.3 Idées parasites et rassemblement

Vous en êtes à votre vingt-sixième chapitre, vos complots mijotent tranquillement, tout se passe à merveille. Et là, paf ! Vous vous réveillez en pleine nuit avec l'idée du siècle (la nuit, toutes les idées paraissent géniales). Ça vous donne envie de laisser tomber votre fic pour en écrire une autre grâce à cette idée fantastique. Stop. On s'arrête là. Cette idée, vous allez l'intégrer dans votre scénario principal d'une manière ou d'une autre. Pourquoi ? Parce que ça va rajouter du piment à votre ragoût. Ça va épaissir la sauce et raviver les saveurs.

Ce peut aussi être une idée tordue, du genre un couple spécial ou une lubie passagère. Ça marche aussi. Et c'est même très efficace parce que ça risque de surprendre le lecteur, donc faire grandir son intérêt pour votre texte. Le tout est de bien l'intégrer au récit.

De manière générale, n'ayez pas peur de changer complètement votre scénario en court de route pour y ajouter quelque chose. Bien sûr, il ne faut pas que les lecteurs remarquent ce changement soudain, il faut de l'ordre, de la méthode et de la continuité. Pas un changement brutal de direction, non, une jolie courbe à peine perceptible. Un scénario est quelque chose de vivant, de modifiable à souhait. Moi-même revisite-je souvent mes scénarii, ajoutant ceci, retirant cela, et personne n'en sait rien.

6.4 S'avoir s'arrêter

Les délires, c'est cool. Trop de délire, c'est chiant. Surtout lorsqu'on n'y adhère pas. Je parle de délire comme je pourrais vous parler de tripes fumantes. Trop, c'est trop. L'excès est mauvais en toute chose, etc … Bref, il faut savoir à un moment où à un autre mettre des limites. Et ces limites, c'est vous qui les fixez, bien évidemment. Ce n'est pas parce que votre fiction a du succès que vous devez la prolonger, vous risquez plus de décevoir qu'autre chose.

De manière générale, demandez vous constamment si vous n'en faites pas un peu trop. Cette technique inventée est-elle trop puissante ? Ce passage comique est-il justifié ? Et ainsi de suite. S'avoir s'arrêter, c'est maîtriser son histoire.

6.5 De l'importance d'une réputation

Si vous écrivez toujours la même chose, vous risquez d'avoir une belle étiquette. La plus dure à enlever est celle de l'éternel newbies. Une autre chiante, c'est celle de l'auteur sérieux. Si si, je vous assure. Enfin, ça dépend d'où on regarde le problème.

Du fait de votre réputation, vous allez attirer tel ou tel type de lectorat, c'est assez évident. Une fois que vous êtes catalogué(e), il est difficile de sortir de ce que les gens attendent généralement de vous aussi ne vous enfermez pas dans un genre particulier dès le début. Variez le plus possible vos œuvres tout en gardant une ligne de conduite générale. Par exemple, je touche discrètement à tout sous couvert d'étude des comportements humain. Ça ne se voit pas trop, je sais …

Vous pouvez aussi acquérir une réputation par le biais de vos lectures, en laissant des reviews, vous vous en doutez … Mais là, je ne peux que me taire car chacun pense et dit ce qu'il veut.

6.6 Profil d'auteur

Toi dont le profil est vide, tu as trente secondes pour aller le remplir.

Il n'y a rien de plus agaçant qu'un profil d'auteur impeccablement blanc. C'est un manque total de respect envers son lectorat, une preuve flagrante qu'il est plus important de recevoir que de donner. Ceux qui ont "tro la flem" ou "ki sav pa koi ékrir" peuvent s'échiner à tirer sur l'étiquette newbies, elle ne partira pas.

Le profil permet un premier contact entre l'auteur et le lecteur. Les lecteurs vont souvent cliquer sur le profil d'un auteur inconnu lorsque celui-ci poste pour la première fois. Se retrouver face à une page blanche (avec la date d'inscription correspondant à j-n, n étant souvent inférieur à cinq) est quelque chose d'horripilant. Il faut donc le remplir, même si c'est chiant. Ça permet aussi de fidéliser les lecteurs, si vous le changez régulièrement tout en développant votre point de vue. Il n'y a qu'à voir mes statistiques sur le sujet … Je vous assure que ça fonctionne très bien !

En plus de fidéliser le chaland, vous pouvez faire des annonces, donner des explications, présenter plus largement vos fanfictions, développer votre pensée sur quelque chose, etc … Bref, tout ce qui rapproche un auteur de son lectorat.

 

Pour conclure, j'aimerais surtout que vous reteniez ceci : rien ne s'obtient sans travail.

Par Hitto-sama